De simples Lumières

De simples Lumières.
Pv with Layla Kitty -

J

e n'arrivais tout simplement pas à croire ce que je voyais en ce moment même. Après m'être tortillé énergiquement pour traverser ce trou qui était bien trop petit pour moi, je reprenais doucement mon souffle. Que m'arrivait-il ? Pourquoi avait-je l'impression d'être déjà venu ici auparavant, alors que, dans le fond, et je le savais bien, je n'avais jamais mis les sabots dans cet endroit ? La lumière qui enjolivait le lac était majestueuse. De petites bestioles, toutes brillantes toutes mystérieuses, venait me chatouiller les flancs.
Je les chassais aussi vite qu'ils étaient venus, mais à chaque fois, ils revenaient. Que voulait-elles donc, ces choses dégueulasses ?
Comme si je croyais qu'elles m'entendait, je me mit à leur parler.

< Allez-vous en, stupides bêtes lumineuses. >

Évidement, ç'a n'eût absolument aucun effet. Je soupira et retourna à mes activités d'étalon, symboliquement parlant...

Le Grand Lac était sombre, à cette heure-ci. Le soleil venait tout juste de se cacher, disparaître, sous un épais morceaux de nuages et de montagnes. La nuit commençait à battre son plein, et la lune, elle, ravie d'avoir battue son adversaire redoutable, affichait librement et fièrement sa lumière.

Je m'approcha tout doucement de l'eau, et y trempa mes naseaux et ma bouche. Du bruit se faisait entendre autour de moi, mais je n'y prêtais guère attention, certain de n'avoir absolument rien à craindre.

La nuit était là… Sous de gros nuages sombre se dessinait une petite jument, fragile et calme, couchait près d’un arbre. D’un bond léger, elle se releva et se mit à marcher d’un pas délicat vers le grand lac, son endroit préféré.
Ses petits yeux baladeurs guettaient un peu partout avant l’entrée de l’endroit où elle désirait venir. Elle rentra délicatement dans le petit trou qui servait de chemin pour atteindre le lac. Quelques bestioles venaient lui rendre visite mais, elle aussi, les chassa très vite. En ronchonnant silencieusement, elle suiva la lumière qui l’éclairer et sortit rapidement du tunnel.

Layla Kitty dressa ses fines oreilles, s’avança vers le lac, derrière quelques arbres assez cachés, et déposa ses petits naseaux frêles contre l’eau glacial. Elle fut assez surprise qu’elle soit aussi froid mais n’y prêta plus attention quelques minutes plus tard, après avoir but quelques gorgées.
La jument se recula, soupira longuement et remarqua qu’une branche avait cassé sous son poids. Elle baissa son encolure, observa le bout de bois silencieusement et repartit quelques mètres plus loin…

Avec surprise, elle remarqua qu’un bel étalon se tenait près d’elle. Sans un mot, elle le regarda puis prit quelques brins d’herbes avant de les mâchouiller machinalement. Elle releva ses petits yeux et regarda le cheval avant de faire 3 pas en avant et d’attendre que lui aussi, il s’avance.

Il n'y avait point de mots pour décrire tout ce que cet endroit cachait, réservais et offrait. L'eau était bonne, même excellente, et il ne manquait plus que quelques touffes d'herbes pour satisfaire l'appétit en moi.

Sans même relever complètement ma tête, je fouillas un peu le sol à la recherche d'herbe bien grasse. Je sentais tout se qui se trouvait sous mes naseaux, et mangeait tout ce qui me semblait bon. Je me promenait ainsi en zigzaguant sans relâche, trop préoccupé pour me rendre compte qu'il y avait une jument près de moi.

Je releva finalement ma tête, quand je toucha des bouts de naseaux les sabots d'une étrangère. Mal à l'aise, je recula et m'excusa.

< Excusez moi, chère demoiselle, je ne vous avait pas vue. >

Je ne savais plus trop comment me comporter.
Je regardais la jument droit dans les yeux, essayant de lui exprimer clairement que je ne me sentais pas trop bien dans cette situation. Ce n'était pas très grave, me diriez-vous. Mais, pour moi, il était plus question d'orgueil que de gêne, finalement.

Voyant qu’il n’avait pas l’air de la remarquer, elle balança sa queue pour chasser quelques mouches et reposa ses naseaux sur le sol ferme à la recherche de quelques brins d’herbes qui lui servirait de repas. Un court instant plus tard, elle sentit quelque chose au niveau de ses sabots et se recula vivement avant de s’apercevoir que ce n’était que l’étalon qu’elle avais, juste quelques secondes, observé. Sachant qu’elle regardais très souvent le regard des autres, elle comprit très vite qu’il était gêné. De son petit sourire craquant, Layla le laissa dire ce qu’il avait à dire avant de reprendre d’une petite voix douce, enjouée et féminine.

« Ce n’est rien…»

D’un geste léger, elle secoua son encolure, remettant correctement sa crinière en cascade et son toupet sur ses petits yeux. Ses naseaux frêles retombèrent un peu plus bas, sur une touffe d’herbes bien grasse, qu’elle trouva avec plaisir. La jeune jument en prit quelques bouchés avant de laisser le reste à l’étalon, pour que lui aussi, se nourrisse…Après quelques instants, elle regarda le cheval face à elle dans ses jolis yeux puis lâcha quelques parole de la même voix que tout à l’heure.

« Layla Kitty. Et vous ? »

Après avoir dit ça, elle s’en étonna presque elle-même. D’habitude ; il fallait du temps pour qu’elle se présente, et là, c’était la première… Enfin, peut être que c’était la nuit et qu’elle était beaucoup plus bavarde ce moment là… Kitty échappa un petit sourire léger avant de reposer son regard dans le sien.

Peut être que ça lui gênerait, à lui, qu’elle le regarde de trop, mais c’était dans son habitude, elle regardais les gens pour savoir leurs réactions… Quelque peu gêner, elle détourna la tête et leva les yeux au ciel, espérant voir quelques étoiles… Mais rien. La jolie grise soupira et baissa la tête.

Je répondis tout simplement , vite fait, mon nom. Fallait dire que cette jument était sociable, peut-être même un peu trop, pour se présenter aussi vite. Moi qui n,en avais pas l'habitude, qui avait côtoyé que des chevaux renfermés et débiles, c'était tout un choc. Mon premier contact avec un cheval - un jument, fallait dire - depuis mon entrée en ces terres. Wouah, quel soulagement !

< Austra... Swerde. Appellez-moi Swerde, tout simplement. Oubliez le premier nom. >

J'étais sociable, moi aussi. J'avais la jasette très facile, et on ne devait point me forcer pour que je parle.

Le regard de cette Kitty m'étonna. Ce regard qui vous transperce, qui vous atteint droit au cœur, comme une balle transpercerait votre corps. Elle ne cessait de me regarder, de viser son regard vers le mien. Layla ne le quittait pas, et semblait tout simplement ne pas vouloir le lâcher non plus. Qu'est-ce qu'elle voulait ? En savoir plus sur moi ? Voir, regarder, remarquer mes actions, mes pensées, à travers mes yeux si petits ? Il n'y avait pourtant rien d'extraordinaire là, fallait bien le savoir.

Je leva l'encolure puis la tête, pour regarder les étoiles à mon tour. Je fus déçu de remarquer qu'il n'y en avait aucune, toutes cachées par les nuages maudits qui gouvernaient le ciel. Je rebaissa ma tête et regarda la jument, qui venait tout juste de soupirer. J'aurais bien voulu voir ces étoiles, moi aussi. Ce sont des petites lumières, si brillantes et si jolies, si petites qu'on se demandent même parfois si elles sont bleues ou blanches, parfois jaunes. C'est un petit mystère qui en entoure bien d'autres, on n'avaient pas de besoin de s'en faire autant.

Je n'avais pas touché aux brins d'herbes que la jument m'avait donné. En fait de compte je n'avais pas faim, mais plutôt soif.
Je regarda Layla quelques instants, jusqu'à ce qu'elle dépose son propre regard sur le mien une fois de plus. Lorsqu'elle détourna son attention vers moi, je lui fit un petit sourire, peut-être bien dragueur, et lui dit tout simplement cette phrase.

< J'ai chaud... Vous voulez venir dans l'eau avec moi ? >

Sans même attendre la réponse, je m'y dirigea, croyant que celle qui était encore pour moi une inconnue parfaite me suivait.
J'entra finalement dans l'eau et poussa un soupir de soulagement.
On était vraiment bien, là-dedans. <33

Layla jeta un rapide coup d’œil au cheval, sans un mot. Elle constata qu’il était réellement intriguait depuis qu’elle l’avait longuement regardée et en fut même gêner. Elle attendit un petit moment pour qu’enfin il puisse se mettre à parler. Elle haussa un sourcil quand il échappa son prénom avant de soupirer silencieusement de nouveau. La jolie grise baissa ses petits yeux vers le sol et remarqua qu’il n’avait plus rien. Alors, sans un bruit, elle reprit quelques brindilles d’herbes et les mâchouilla doucement.

Enfin, le noir se décida à parler et elle en fut bien contente. Ses oreilles finement redressés, elle écoutait ses paroles, attentivement. Puis elle hocha de la tête et répondit d’un petit ‘oui’ calme et posé. La jeune femelle le regarda quelques secondes s’avançant dans l’eau puis ensuite, elle s’avança à son tour. Elle trempa son sabot avant droit et trempa l’autre. Enfin, elle avait son corps entier dans l’eau et nagea jusqu’à ce qu’elle pu ce retrouvait assez près de beau noir avant d’échapper un petit sourire un peu dragueur, on va dire…

Kitty soupira de bonheur avant de regarder un peu autour d’elle. Pendant quelques minutes, elle resta immobile, les yeux dirigeaient vers l’étalon. Puis la jument secoua vivement son encolure, espérant avoir correctement replacé sa crinière humide et collé contre sa robe. Elle observa l’endroit très vite et se retourna vers Swerde. Enfin, elle perça le grand silence qui avait était disposée entre les deux équidés en lâchant quelques paroles de sa petite voix enjoué et malicieuse.

« C’est beau… la nuit…»

De ses petits yeux émerveillés, elle croisa le regard du bel étalon et lui adressa, une fois de suite, un joli petite sourire mignon comme elle sait bien le faire…

I

l ne m'en

fallait pas beaucoup pour que je sois heureux. Pas que je le sois en ce moment, non. J'étais content, mais pas heureux. Ç'aurait été trop stupide d'être heureux pour une chose si minime. Layla Kitty m'aurait pris pour un fou, un imbécile heureux peut-être même. Or, je n'en avait aucunement l'intention, loin de là, et tout ce que je voulais, c'était avoir de la bonne compagnie.

Sous mon regard charmeur ne se cachait aucune malice. Contrairement à bien des étalons durant cette période de chaleurs, je m'efforcais de rester calme. Certes, ce n'était pas facile. Mais j'avais grandi en gardant toujours le respect des juments en tête, et c'était bien l'une de mes priorités...

< C'est vraiment magnifique, oui. Dommage que les nuages cachent les étoiles, ça aurait été bien mieux. >

Sans vraiment y réfléchir, je m'approcha de la jument. Je ne voulais point faire d'avances sur elle, mais j'aimais toujours me coller et être près de l'une de ces belles. Pour moi, ces moments étaient parfaits, sublimes, même si je ne connaissais ma compagnie que bien peu. Il ne m'en fallait pas extrêmement pour que je m'attache à quelqu'un, mais, dans mon plus fort intérieur, j'essayais quand même de faire attention à mes faits et gestes.

Je me colla de plus en plus, sans pourtant demander à Layla si ça lui convenait. Je m'en fouttais un peu, dans le fond. Passer de beaux moments, il n'y avait que ça qui m'importait.